Ralentir ne signifie pas régresser, ralentir c’est aussi ressentir.
« Il est temps de ralentir. Cela vaut pour la vie en général, mais aussi pour les voyages en particulier. Plus nous voyageons vite, plus nous passons à côté de choses intéressantes. Les voyages rapides génèrent beaucoup d’émissions de CO2, déconnectent les gens de leur environnement et endommagent les communautés locales. Place donc au voyage lent ! »
Manon et Dries (WTMG)
J’ai immédiatement adhéré à la vision de Welcome to my garden.
J’ai vite ressenti que cette démarche correspondait à mon envie de rencontre et de partage.
Cela ne date pas d’hier, ce besoin de simplicité, de connection aux éléments. C’était déjà présent en 1995.
1- Le projet chambre d’hôtes de 1995.
Il y a plus de 25 ans, nous avons eu l’opportunité d’acquérir une très grande et très jolie maison dans un merveilleux village.
Suite à un événement familial douloureux, j’ai eu un court instant, l’envie de créer dans une des granges, deux ou trois chambres d’hôtes.
L’idée à l’époque était de faire vivre le lieu avec des hôtes de passage.
Accueillir du monde pour une nuit, un petit déjeuner, avant de repartir faire leur journée et moi, la mienne.
Cette idée a germé en nous et finalement, nous avons restauré la grange et avons fait deux nouvelles chambres avec coin douche individuel.
À l’époque nous avions une petite fille de 18 mois. Quelques années plus tard, quand les travaux furent terminés, deux merveilleux garçons ont complété la famille.
Les deux nouvelles chambres étaient dès lors les bienvenues.
2- L’accueil et la rencontre, c’est essentiel
Je vous explique le projet chambres d’hôtes, simplement pour dire que j’ai toujours aimé recevoir, partager un moment commun, découvrir de nouvelles personnes, cela me permet d’apprécier plus encore le calme revenu et les rencontres suivantes.
Si j’aime recevoir à la maison, j’aime bien aussi ma tranquillité, mon espace de vie et ne pas être envahie. Alors, cette idée d’accueillir pour quelques heures et puis chacun repart sur sa route, cela me parle. Il faut savoir reconnaître ce qui nous fait du bien et ce qui nous conduit à notre perte.
Et puis, je ne suis pas seule à décider. Si moi, je suis plus facilement en relation, ce n’est pas nécessairement le choix du reste de la famille.
3- Prendre le temps avec mes clients est aussi une priorité
En y regardant de plus près, je me rends compte que cette notion d’accueil est centrale. À l’atelier (je gère un atelier d’impression photographique), j’aime vraiment rencontrer chaque artiste qui vient pour parler de son travail.
J’aime et j’ai besoin de découvrir son univers. J’ai du plaisir à lui faire part moi aussi, de ma manière d’envisager la relation dans le travail.
Comme je le dis souvent, je n’ai pas de temps à perdre avec des personnes qui ne veulent pas collaborer efficacement. J’ai besoin de respect, de bienveillance, d’efficacité, de bien être au travail et dans la vie de tous les jours. Cette notion de service et de qualité, c’est tout autant dans la réalisation du travail que dans les relations humaines.
J’aime vraiment prendre le temps avec mes clients pour entrer dans leur univers. Comprendre et ressentir leur art afin de restituer dans leurs tirages d’art une petite part de mon univers au service de leur vision.
C’est la raison pour laquelle je n’ai pas de magasin ouvert à tout vent, mais chaque client prend rendez-vous et je lui consacre le temps nécessaire pour arriver à lui offrir le meilleur de mon travail.
3- Le camping et la préservation de nos ressources.
C’est simple, en famille nous avons toujours campé ou passé nos vacances dans des chalets loués à plusieurs familles.
Nous n’étions pas nécessairement super bien équipés, car l’essentiel était de voyager léger et à moindre coût.
Je pense qu’à la base c’était un peu une question de moyens financiers, mais surtout d’état d’esprit dans lequel nous sommes depuis toujours. Nous avions fait le choix d’une belle bâtisse au sein du merveilleux village alors pourquoi aller beaucoup plus loin ?
Ensuite, la préservation des ressources et la protection de l’environnement sont à nos yeux beaucoup plus importantes que le fait de découvrir des contrées lointaines et inexplorées.
Les quelques grands voyages que j’ai effectués en étant jeune photographe, je les ai faits en m’intégrant, durant plusieurs semaines, à la vie des populations autochtones. Que ce soit au Mexique, Guatemala ou au Rwanda, c’est toujours pour vivre au sein de la population, au rythme de celle-ci et découvrir leur manière de vivre.
À aucun moment, je n’ai cherché, à m’extraire de ma vie quotidienne, à aller dans un ailleurs où finalement je ne découvre rien ou pas grand-chose de ce que les gens, chez qui je vais, vivent. Je préfère de loin partir peu de temps, mais découvrir, à mon rythme la nature qui m’entoure sans m’imposer, en respectant ceux qui m’accueillent. Je ne dis pas que cela n’apporte rien, je dis que moi, cela ne m’apporte rien 😉
4- Favoriser les nouvelles démarches des plus jeunes.
Quand je vois ce que nos jeunes mettent en place pour tenter de bousculer nos certitudes, nos travers et habitudes dévastatrices, je ne peux qu’être ravie.
J’admire vraiment cette jeunesse que ne désespère pas, cherche de nouvelles pistes, une autre manière de respirer cet air que nous et nos parents (j’ai 56 ans à l’heure ou j’écris) ont pollué.
Je suis admirative de mes trois jeunes qui, malgré le peu de visibilité pour leur futur, font petit à petit leur place dans le monde du travail alors que tout est bouché ou presque.
Je respecte ces jeunes qui refusent que de vieux croûtons (pour ne pas dire vieux C) leur dictent leurs faits et gestes sous prétexte qu’ils ne savent pas.
Oui, cela me conforte dans l’idée que de belles choses sont possibles.
Alors quand Manon et Dries s’engagent pour une vie plus lente et plus riche, je dis bravo et j’embraye autant que possible.
5- Au rythme de l’atelier et du potager.
Vous l’avez peut-être lu dans l’article de bienvenue, je partage mon temps entre la production et la réalisation des œuvres pour les artistes qui viennent à l’atelier d’impression et le rythme du potager. Concrètement en hiver c’est calme au potager, je carbure donc à l’atelier.
Dès le mois de février, je décolle de l’atelier en fin d’après midi pour migrer au fond du jardin et regarder pousser mes légumes. Je choisis volontairement de ralentir et ressentir. Tout comme je choisis les clients avec qui je veux avancer, je choisis le temps que j’y reste et celui qui me fait vivre au potager.
6- Au potager, le temps est précieux.
Chaque plante demande un certain laps de temps pour faire son cycle de vie. De la graine à notre assiette, il y a, entre quelques semaines et quelques mois. Il faut laisser ce temps s’installer. Il faut l’apprivoiser, l’observer, le laisser se dérouler avant de savourer.
Après le semi, attendre gentiment, patiemment, presque amoureusement, que la vie se développe. Ce rythme nous oblige , nous aussi, à ralentir et patienter.
7- Similitude entre potagers, photographie et WTMG
Ce n’est que dernièrement que je me suis rendue compte que cette notion SLOW était présente dans la majorité de mes activités, de mes actions, de mes passions et de mes relations.
En photographie argentique, nous devions également faire preuve de patience. Après avoir fini notre bobine de film (cela prenait parfois un certain temps), nous prenions possession du labo pour développer nos négatifs dans cette lumière rouge inactinique.
Attendre quelques heures pour que les films sèchent, pour enfin passer une après-midi, une soirée, plusieurs heures à imprimer les quelques-unes choisies avec amour.
Tout ce temps était tellement bon et précieux. Et comme cela demandait beaucoup d’énergie, on veillait à ne pas le gaspiller… Avec le numérique, nous avons perdu cette notion, l’attente !
Au potager, il faut apprivoiser le temps pour semer au bon moment, récolter au bon moment, nourrir au bon moment…